samedi 27 octobre 2012

QUE RETENIR DE LA FIAC CETTE ANNÉE ?


-> Le chroniqueur de 'C'est très mâle cette semaine' est parti en vadrouille-reportage pour Bb de la Branche à la FIAC, une semaine après, retour sur ses coups de coeur au sein de la grande messe contemporaine.




Chaque année, la même chose : un espace immense, un nombre de galerie incalculable (182 en fait), 25 pays représentés et près d’un milliers d’œuvres. Dès lors, l’art contemporain peut sembler protéiforme, instable, divers, hétérogène. Et il l’est. Mais pas uniquement. C’est là toute la force d’un tel regroupement de pays en un seul lieu : outre la l’image de la mondialisation, il y est montrée la puissance de l’internationalisation. Ce terme, plus large, ouvert, positif, montre que l’ouverture des frontières a créé un véritable réseau de connexion, quittant ainsi les problématiques locales et se laissant porter sur une véritable analyse de la société-monde. Les artistes et les œuvres discutent entre elles, s’évaluent, s’approfondissent, se reflètent. Les œuvres créaient une nouvelle œuvre. Et c’est cela que la FIAC démontre depuis maintenant 39 ans : le visage de l’art contemporain est le notre. Dans toute nos diversités. Dans toutes nos problématiques locales, personnelles, intimes. Mais qui, au bout du compte, se ressemblent, et plus encore, s’assemblent. L’art contemporain dresse alors le tableau de nos sociétés, puis le questionne. C’est ce que je souhaite vous montrer à travers quelques coups de cœurs. 


Des coups de cœurs. 




Commençons par l’œuvre d’Ivan Navarro, présentée par la galerie Daniel Templon. Miroir, miroir sans teint, néon. Voilà la trinité d’objet qui constitue cette œuvre. De là, Navarro créé de l’espace, de l’infini, de la répétition. Les néons se reflètent dans les miroirs et se dupliquent, rejoignant peu à peu un point de fuite central. L’œuvre interpelle car elle semble synthétiser la luminosité d’une ville. De capter la lumière d’aujourd’hui : omniprésente, répétitive, artificielle, mais finalement nécessaire. 




« Only Revolutions » de Rosa Barba, présentée par la galerie berlinoise Carlier/Gebauer (qui mettait en avant l’œuvre de Paul Graham, artiste dont je vous ai parlé précédemment avec son ouvrage The present – toujours dénicheur de tendance cette chronique). Dans une boite en verre, défile une bobine 16mm dans un mécanisme de lecture. Cependant, le mécanisme va trop vite et la bobine en sort et n’est plus tendue, créant ainsi des circonvolutions aléatoires. Outre le défi technique de mimer une erreur, cette œuvre délivre une puissance allégorique géniale : le mécanisme pousse à toute vitesse la bobine qui s’enroule, mais ne le bloque pas, et continue ainsi de fonctionner. N’est-ce pas une belle parabole de notre temps, marqué par une organisation scientifique du travail, demandant toujours plus, sortant de ses gonds par des révolutions régulières, tout en maintenant un cap, en survivant, en n’atteignant pas le point de non-retour. Cette boite de verre est peut-être simplement ce qui nous entoure, et la bobine, le film de notre société. 




« L’origine de la Guerre » d’Orlan, artiste française majeure. Je ne vais pas ici vous dresser l’historique de l’œuvre originale et marquante d’Orlan. Je vous laisse simplement avec la photographie de l’œuvre, le clin d’œil à l’œuvre de Courbet, et finalement une évidence telle qu’elle en devient charmante. L’œuvre est visible chez Michel Rein. 




« Concetto spaziale » de Lucio Fontana (Galerie Tornabuoni Arte). Le leader du mouvement spatialiste a pour particularité de déchirer ses toiles monochromiques. De ce geste, soumis entièrement au hasard, il créé un espace. La toile ne devient alors plus le sujet, mais le cache. La fente créée ouvre sur du vide, sur du tout. « Que se cache t-il derrière le tableau ? » se demande t-on. Ce questionnement du « derrière » nous montre bien l’espace que vient de créer Fontana. Nous voyons ici la force d’un concept déclinable à l’infini, mais ne perdant pas pour autant sa puissance évocatrice. La question de la transcendance, du caché, du tridimensionnel est symptomatique de nos sociétés qui cherchent du sens dans un monde qui peut parfois sembler binaire : le bien/ le mal, l’argent/ l’humain, moi/l’autre. 



La FIAC est donc le visage de l’art contemporain mais surtout du contemporain. Simplement. 






/ Par Adrien T. / 

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