mercredi 22 avril 2015

Vivrez-vous toute votre vie à Paris ?

Une photo de la rue Tiquetonne que j'ai pris avec mon Kodak, mon premier été seule à Paris.


C'est l'article de Garance Doré qui m'a fait penser à ça. Elle y parle de la construction de son identité enfin de "L"'identité d'un new-yorkais lorsqu'on s'imagine quitter cette ville. Alors qu'on ne l'a jamais pensé. Jamais. C'est quelque chose qui me parle car je suis encore dans le déni complet face à cette folle histoire d'amour que j'entretiens avec ma ville, enfin, cette ville, Paris. C'est également quelque chose dont je discute beaucoup avec mes amis : leur rapport à Paris. J'ai conscience d'être un peu frénétique voire hystérique dans mon rapport à Paris. J'aime TOUT, je veux TOUT y découvrir, je veux même y passer mes WE et mon été (ok là je ne dis pas TOUS mes WE... tout de même). Mais quand j'entends quelqu'un qui n'aime pas, je suis décontenancée, j'ai envie de lui trouver mille raisons qu'il se trompe, j'ai envie de lui prendre la main et de l'amener voir "mes" endroits qui ne ressemblent ni à la rue de Rivoli, ni au Palais Royal, ni au Champ de Mars ! J'ai envie de lui montrer Paris avec mes yeux et bien entendu, c'est impossible. Quand j'entends un étranger -australien, londonien ou berlinois sont les exemples de nationalité qui m'ont dit ne pas aimer Paris- me dire que Paris c'est nul, je peux l'entendre. Il n'y a qu'à passer quelques jours à Berlin pour comprendre que Paris manque deux trois choses. Moi-même à Londres le WE dernier, il y a des choses que je voudrais voir à Paris. Mais il me suffit de remonter à l'arrière de la bécane de Patach' pour me souvenir que j'aime Paris.
Pourquoi je ne comprends pas ceux qui n'aiment pas ? Là encore je fais une différence entre le parisien pure souche qui en a sa claque et le jeune, arrivé depuis seulement une ou bien quelques années.
Celui qui y est né, je le regarde comme un oracle. Un type qui devient mon reflet dans quelques années. Quelqu'un qui me dit "fais gaffe, ça peut arriver à tout le monde". Celui qui n'aime pas Paris après deux trois ans dans la capitale, je dois l'avouer, je ne le comprends pas. Pas même un tout petit peu. C'est sectaire n'est-ce pas ? Mais je me dis tout le temps, ils ne vivent pas la ville comme je la vis, ils ne l'explorent pas comme moi, ils ne sont pas curieux. C'est mon diagnostique lapidaire et franchement fermé, je sais bien. Je me doute que c'est faux et que certains ont besoin de place, de verdure et d'espace.
Je peux le dire, je vis avec quelqu'un qui ne s'imagine pas rester à Paris. Il ne sait pas quand, il ne sait pas où mais dans ses projets de vie, il ne sera pas à Paris pour toujours. Alors que moi, je m'imagine quitter cette ville, un jour, un an, cinq ans, mais y revenir avec passion et y finir ma vie, entourée par l'énergie que procure une capitale.
Ne vous méprenez pas, j'adooore "autre part". Je passe mes WE dans nos familles respectives et j'aime autant l'odeur des Cévennes que le verre de vin blanc/huîtres sur les ports de Vendée. Je m'en réjouis, je me rêve ces moments de bonheur intense. Et c'est grâce à ces échappatoires que j'aime encore plus ma ville.
Oui faire son marché le dimanche est une connerie sans nom à Paris, oui on fait la queue pour aller manger des œufs brouillés le dimanche, oui quand je prends l'apéro au soleil sur les quais ou dans un parc chez les cheveux collés aux pieds d'un inconnu, oui le métro tout collé le matin et le soir c'est déprimant, oui la Fnac c'est l'enfer, oui le boulevard Haussmann le WE c'est l'enfer, oui sortir le WE à Paris c'est l'enfer, oui aller voir un pote dans un autre arrondissement prend minimum 40 minutes, oui faire du vélo à Paris est suicidaire, oui les taxis ne sont pas cool, oui il y a souvent des manifestations, oui on vit dans tout petit, oui on parquera nos gosses dans des lits superposés dans l'entrée, oui nos gosses ne feront pas la différence entre une patate douce et du potiron (mais est-ce que les vôtres le font ?), oui les pics de pollution donnent des maux de tête, oui à cause de la pollution on va mourir plus jeune... OK
Mais
Mais le dimanche à Paris tout est ouvert et on ne s'ennuie jamais, mais à Paris il y a les plus merveilleuses des expositions du monde, mais à Paris il y a toujours des nouveaux restaurants, des nouvelles boutiques, des nouveaux concepts, à Paris on peut sortir tous les soirs et même boire un verre le dimanche ET le lundi soir, à Paris comme ailleurs la Fnac est un enfer, à Paris les piques-niques nous mettent en joie, à Paris on boit du rouge avec des planchettes et on est heureux, à Paris on trouve des tabacs ouverts jusqu'à pas d'heure, à Paris on sort faire ses courses à 22h, à Paris on vit des moments de grâce dans le métro (ça c'est pas moi qui le dit...), à Paris on profite du WE pour faire du faux jardinage sur nos avancées de fenêtres qu'on appelle balcons, à Paris aussi on fait pousser nos tomates, à Paris on a les meilleurs concerts du monde et les meilleurs DJ de la planète le WE, à Paris on fait du vélo à 3h du matin et la vue de les ponts nous émerveillent, à Paris on voit la Tour Eiffel scintiller et à chaque fois, on la fixe comme un enfant, à Paris chaque rue est incroyable, à Paris changer d'arrondissement c'est changer de sensation, à Paris à chaque rue on fait des découvertes, à Paris on manifeste, à Paris on vit dans tout petit et ducoup on s'aime collé-serré, à Paris nos gosses seront abonnés à Beaubourg à 3 ans et reconnaîtront un Kandinsky d'un Pollock à 4, à Paris on mange quand on veut de tous les pays du monde, à Paris je peux faire le métier de mes rêves...

Je crois que je ne suis pas guérie et que j'ai un besoin vital d'effervescence et de nouveautés, de curiosité infinie et un jour peut-être, je voudrais quitter Paris et je relirais ça en rigolant. En attendant, je reste.



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