vendredi 26 avril 2024

Rester assis même si c'est fini

 Ce matin dans l'émission "Totémic : l'échappée" de Rebecca Manzoni, cette dernière rencontrait Viggo Mortensen (mais si tu sais qui c'est, clique) pour parler de son nouveau film. Un moment il discute de la musique qu'il a lui-même composé. Une chanson qui te permet de rester assis à la fin, alors que c'est fini. Et il dit un truc du genre, "j'aime quand c'est terminé, que rien ne soit terminé, et que tu réfléchisses aux personnages, à la suite, à la vie en fait". C'est beau non ? C'est pour ça qu'on va au cinéma. J'veux dire, quand tu vas voir un "bon" film (c'est subjectif évidemment), mais quand tu vas voir quelque chose qui a mis tes méninges en action. C'est une des choses, que dis-je, un des états que je préfère. Quand quelque chose m'actionne toute entière et que mon cerveau entre en fusion. J'exagère un peu mais quand tu sens que tu pars... loin... Dans tes réflexions. Qu'une phrase, qu'une idée, qu'un geste déclenche en toi toute une série d'autres questions et que tu touches du doigt un état où ton propre cerveau a pris le contrôle. Ça m'arrive quand je rencontre quelqu'un, quand je suis particulièrement reposée et que l'envie m'habite. J'imagine que c'est ce dont parlaient Viggo et Rebecca, soyons familier. 



Un film pour lequel je me rappelle être restée "le cul sur ma chaise" comme on dit, complètement abasourdie, c'est "La guerre est déclarée" de Valérie Donzelli. C'est sorti le 14 octobre 2011, j'avais 19 ans, j'étais à Paris depuis un an et je suis allée le voir avec deux copines je crois, Béa et Célie. Je me souviens être sortie de là sans rien entendre. M'être assise sur le bord du trottoir - on était au cinéma qui jouxte le Centre Pompidou dans le Marais donc la rue est piétonne - et avoir pleuré. C'était trop. Trop d'émotions, trop de tristesse, trop de questionnements. Je ne sais pas si on était resté dans la salle regarder le générique sans bouger ou si, au contraire, on avait eu besoin de sortir la tête de là pour retrouver un peu d'air.


Ça devrait peut-être résonner différemment depuis que je suis maman ? Mais je ne l'ai jamais revu. J'ai presque peur. Pour ceux qui ne l'ont pas vu (allo la terre ici la lune) c'est l'histoire vraie, jouée à l'écran par les protagonistes de cette histoire vraie, d'un bébé qui chope un vilain cancer et de la répercussion que cela a sur la vie des parents et leur couple. Ils se trouvent que le bébé a survécu et qu'il est même sur les planches en ce moment-même dans un One-man-show. Il s'appelle Gabriel et le type est devenu comique. En écrivant, je me dis que je devrais aller le voir. La boucle serait bouclée et je pourrais sans doute me réconcilier avec cette histoire traumatique qui n'est même pas la mienne.  


Il n'y a pas si longtemps, je suis allée voir "Priscillia" de Sofia Coppola. Et je suis restée assise pendant le générique. Rester assise alors même que c'était fini. Cela raconte l'histoire de la femme d'Elvis Presley et ce dernier m'a tellement énervée à l'écran que j'en étais toute tendue. Je ressassais les conneries de ce type qu'on est tout un tas de gens (et c'est normal n'est-ce pas ?) à adorer, tout en me modérant moi-même et en me disant que l'histoire était tirée d'un livre de Priscillia et qu'il y avait toujours deux prismes à une histoire à deux, mais tout de même ! J'étais super énervée. Ça me fait marrer en y repensant l'effet qu'un film peut avoir sur moi. Le soir je suis rentrée, j'ai écumé les sites internet pour trouver le vrai du faux, je fais toujours ça avec une histoire vraie, je ne peux pas m'en empêcher (cf : l'effet que la série sur Truman Capote a eu sur moi), c'est mon côté étudiante en histoire qui a, un jour, appris que l'Histoire n'était pas la Vérité (et qu'il fallait tout vérifier, comparer...). J'ai donc lu que oui Elvis était un gros con (hello les raccourcis !), que Priscillia était pote avec Sofia Coppola (hello les partis pris), que Priscillia était une chic fille tombée amoureuse d'un type plus âgé qui vivait avec une mentalité de type né en 1935 (hello la société patriarcale (non mais la scène où le père de Priscillia emmène (que dis-je APPORTE) sa fille à son futur mari, c'est carrément glaçant)). Tout ça pour dire quoi ? Rien, comme d'habitude. Mais réfléchir, c'est quand même sacrément bonnard.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C’est un immense bonheur ma fille, que j’aime tant de te lire,
j’ai envie de te dire écrit et écrit et ne t’arrête jamais .