dimanche 31 mars 2013

Zdar parle de Phoenix chez Tsugi - hâte



Sur Tsugi on nous offre la bonne nouvelle cette semaine avec l'interview de Zdar, pour ceux qui l'ont loupé, c'est ci-dessous. HATE HATE HATE - C'est dimanche, j'aime vous faire plaisir, à votre lecture petits fans -



"""On ne change pas une équipe qui gagne. Le vieux cliché s’avère une nouvelle fois très efficace. En travaillant à nouveau avec Philippe Zdar, ce coup çi officiellement intronisé “producteur”, après le carton de leur précédent album, les Phoenix sont restés en terrain connu. Mais la “dream team” s’est réinventée en donnant à Bankrupt ! une tonalité futuriste qui se bonifie au fur et à mesure des écoutes. La marque des grands disques. Un nouveau cliché là encore plus que jamais d’actualité. Ce n’est pas Philippe Zdar qui nous contredira.

Comment ça se passe maintenant entre toi et Phoenix, c’est genre : ils t’appellent : “bon on a un album sur le feu, tu viens”?

Non, ce n’est pas automatique, mais depuis la fin de Wolfgang Amadeus Phoenix on a parlé entre nous de l’idée de se retrouver. Même si je ne savais pas si c’était une bonne idée parce que je crois que c’est très dur de retravailler ensemble après un gros succès. Mais ils m’ont dit qu’ils aimeraient bien qu’on continue, donc je leur ai répondu : “allons y et si on arrive à faire des chansons aussi bien ce sera super.”

Est ce que ton rôle a évolué ?

Oui car ils n’ont jamais eu de producteur auparavant. Ce rôle s’est décidé pendant la fabrication du disque. il y avait un truc de confiance, même si je n’en voulais pas vraiment de ce statut de “producteur”. Pour moi “produire” c’est un peu comme donner des conseils à un copain. Il y avait beaucoup moins de gêne que pour l’album précédent où j’avais un peu peur de dire certaines choses, là c’était entériné. On était conforté de voir aussi qu’on avait pris les bonnes décisions. Et quand les autres te portent une énorme confiance, tu prends un peu plus de place, tu deviens un peu une sorte de membre externe du groupe.

D’ailleurs ils m’ont dit que tu étais devenu le 5ème Phoenix…

C’est super s’ils disent ça parce que c’est aussi ce que je ressens. C’est vrai que mon implication était plus forte. Quand on a commencé à travailler, j’ai senti que c’était pour moi aussi une question de vie ou de mort.

Est ce que c’est toi qui a apporté cette touche électronique ?

Non, quand j’arrive sur le disque, les morceaux sont déjà écrits. On a écouté hier avec des amis qui m’ont dit “c’est fabuleux, il y a beaucoup plus de synthés, c’est plus électronique.” Mais aucun de nous n’a dit : “tiens ce disque doit être plus électronique ou plus ceci ou plus cela”. On avait des fantasmes que l’on voulait approcher mais ce n’était pas des fantasmes électroniques. On veut faire de la pop comme Bowie, Prince, ou Dylan qui change de son constamment au cours de sa carrière. Mais c’est vrai qu’il y a plus de synthés. Le dernier morceau que l’on avait fait sur l’album précédent c’était “Love Like A Sunset” où on touchait du doigt un truc dément, qui nous faisait penser au moment au Prince se lançait dans Sign Of The Times. Et on commencé Bankrupt ! comme on avait terminé Wolfgang. C’est la suite logique. Dans dix ans quand on écoutera les albums de Phoenix à la suite, on se rendra compte que c’est comme un fil qui continue.

Bankrupt ! semble plus complexe…

Il y avait une vraie volonté d’écrire des chansons à la manière d’orfèvres comme Dylan. On a l’impression que c’est la production, mais c’est plus l’écriture des chansons qui crée du coup une complexité de la production. Parfois j’entends des disques où je me dis : c’est génial, les chansons sont fantastiques, mais on dirait qu’il y a eu une mésentente entre la production et l’écriture.

C’est un album qui n’est pas évident à la première écoute, il s’apprécie vraiment dans la durée…

On sentait tous que c’était un “grower” comme disent les Américains. Un disque qui grandit en toi, mais quand il grandit, il grandit comme un arbre pas comme une tige de bambou et tu l’aimes vraiment. Il y a  quand même dans les morceaux des petites clés, des petites portes. J’adore les albums qui durent dans le temps, comme ces mêmes disques que tu écoutes en vacances des milliards de fois. Quand Wolfgang est sorti c’était la même chose. On nous a beaucoup dit ça : attention c’est un disque dans lequel il faut entrer dedans. J’espère que Bankrupt ! est un disque que les gens pourront se remettre en boucle. Comme les meilleurs disques que j’ai eu dans ma vie.

Est ce qu’ils t’ont épaté ?

Ils m’ont plus épaté que jamais, sur des points philosophiques comme des points plus pratiques. J’ai été épaté par leur ténacité. J’avais un petit peu peur parce qu’il y avait ce gros succès américain qui est un truc que l’on ne connaît pas, nous les Français. Bien sûr je savais que ça ne leur monterait pas à la tête, mais je ne m’attendais pas à ce qu’ils restent toujours aussi simples, solidaires, à l’écoute de l’autre. Et puis j’ai été épaté au niveau de l’écriture, quand j’ai entendu les premiers travaux, je me suis dit qu’il y avait de gros morceaux. Même moi qui ne lâche pas grand chose, je crois qu’ils ont été pire que moi, ils ont été plus loin que j’aurais été.

Est ce que leur secret ne serait ce pas finalement l’absence de leader ?

C’est ça. C’est un monolithe, le leader c’est Phoenix. Je crois qu’il y a ça aussi dans AC/DC depuis que Bon Scott est mort (leur premier chanteur décédé en 1980 après une nuit d’excès NDR) Au début, c’était une espèce de mec qui buvait plus que les autres, qui se couchait le plus tard mais qui se levait aussi le plus tôt. C’était vraiment le leader mais quand il a été remplacé par Brian Johnson, AC/DC est devenu un énorme bloc et leur musique d’ailleurs est devenu monolithique. Il y a un côté  comme ça chez Phoenix. Tout le monde est leader. C’est un peu comme en psychanalyse quand on a dit qu’il y a le monsieur, la dame et que leur couple forme un troisième personnage. Les quatre Phoenix forment un cinquième phoenix qui n’est pas moi mais Phoenix donc moi je suis le sixième on va dire !

C’est toi qui a fait la connexion avec Adam Yauch (membre des Beastie Boys décédé l’an dernier des suites d’un cancer NDLR) ?

Quand je  terminais l’album des Beastie Boys, les garçons sont venus à New York pour commencer leur disque. Adam était le mec le plus cool de la terre et  il m’a dit : pourquoi ils ne viennent pas dans mon studio, le matos est fabuleux ? J’ai répondu : super, je vais leur en parler. Moi je suis rentré à Paris et eux sont venus le rencontrer. Mais la première connexion s’est faite le soir du concert de Phoenix au Madison Square Garden où j’étais venu avec Yauch et Mick D. Et puis si j’ai travaillé avec les Beastie, c’est parce que Yauch avait adoré Wolfgang Amadeus Phoenix.

Est ce que sa disparition a eu une influence sur cet album ?

Adam a eu une grosse influence, il était souvent présent dans nos discussions pendant que l’on enregistrait le disque. On s’échangeait les uns et les autres sur ce que l’on avait découvert de lui, parce qu’on a rarement été tous ensemble avec lui. Sa disparition a eu une influence sur notre vie à tous. Je pense régulièrement à lui, même si je n’ai vécu que six mois de ma vie avec ce mec. C’est comme quand tu vis une histoire d’amour qui dure que quinze jours mais à laquelle tu penses beaucoup plus que celle qui a duré plusieurs années.

Jamais deux sans trois ?

Je n’en sais rien, peut être qu’eux auront envie de faire autre chose ou peut être que ce sera moi qui aura cette envie. Pour le moment, j’ai envie de savourer à fond, j’ai hâte de voir les concerts, de voir comment le public va réagir. Quand je l’ai fait écouter pour la première fois à des amis très chers, j’avais le cœur qui battait à 200 à l’heure c’était ouf. À la fin du disque, ils m’ont regardé et ils m’ont dit : on peut le remettre ? J’ai envie de savourer ça avant de penser à quoi que ce soit d’autre. Je pense aussi vachement aux garçons et je me dis qu’ils ont à la fois de la chance et de la malchance parce qu’ils sont obligés de penser aux concerts. Ce recul que j’ai aujourd’hui, ils ne l’auront pas d’ici deux ou trois ans."""

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