lundi 2 mai 2016

Oh Paris comme je t'aime

Je crois bien que j'écris une à deux "ode à Paris" par an, non ? J'ai l'impression de parler de mon amour pour cette ville constamment. Ce n'est pas mon habitude mais, pour que le post ait un sens, je vais vous faire entrer quelques secondes dans mon intimité. Patach n'est pas fan de Paris et il aimerait, un jour, demain comme dans 5 ans, en partir. Mais voilà Patach vit avec moi qui suis folle dingue de Paris et qui s'y voit (je parle de moi à la troisième personne - logique imparable) très bien dans 10 ans. La semaine dernière, il m'a envoyé ce lien du Huffington post qui amene à cette jolie BD de Muriel Douru qui racontait qu'elle quittait Paris. Et comme je peux devenir vite émotive sur le sujet, j'avais envie de pleurer. Parce que je ne cessais de me répéter (vous comprendrez si vous lisez cette petite BD) qu'elle, elle avait au moins pu y vivre 20 ans ! Alors que moi je vais à peine fêter mes 6 ans en septembre.



Et dans cette BD, elle traduit si bien mes sentiments sur cette ville : cette effervescence, ce sentiment de vie, de grouiller de monde et d'idées. A vrai dire, c'est bête puisque je ne peux même pas comparer, je n'ai vécu sans mes parents qu'à Paris donc je ne sais pas comment est la vie à Bordeaux ou à Marseille. Elle m'a l'air très bien aussi mais Paris quand même ! Il n'y a pas une seule fois où je ne suis pas ébahie par cette ville. Et la meilleure partie c'est quand je monte derrière Patach sur son scoot ou sa moto et que je peux lever la tête, plus c'est long, plus j'adore. Il s'arrange toujours pour prendre des raccourcis ou aller plus vite mais moi, j'adore les embouteillages et les longs trajets où on traverse Paris du nord au sud. 
J'aime aussi quand c'est la nuit et que je peux voir les appartements des gens, je vois leur mobilier, je m'imagine leur vie. J'adore rentrer dans un taxi et regarder la ville défiler en silence. J'adore regarder cette ville. J'ai l'impression de vivre dans un rêve, de participer au rêve. Ce n'est pas très clair mais j'ai cette sensation. Cette ville aux contours connus de tous, j'y vis et j'y interagis, j'y suis actrice et je peux dire "je vis à Paris" quand je suis à l'autre bout du monde. Oui c'est chauvin, oui c'est con cette fierté à deux balles. 
Le pire c'est que personne n'aime Paris. Et c'est cette partie qui m'ennuie. Au Cap je parlais avec ce couple australien parti faire le tour du monde pour leur lune de miel pendant un an (so cool, so australien). Et ils me posaient toutes sortes de questions étranges du genre "c'est vrai que tu ne peux pas te faire des amis dans un bar à Paris ?" ou "c'est vrai qu'on ne peut pas parler à tout le monde ?" ou encore "est-ce que c'est vrai que les gens sont méchants et ne répondent pas ?". Personne n'aime Paris et cette réputation la suit jusqu'au fin fond de la Thaïlande. Mais ça ne me dérange pas. Je leur ai même répondu que c'était en partie vrai.
J'adore cette réputation, je trouve que ça rend cette ville encore plus inaccessible, que l'aimer est un privilège (si je t'ai perdu, sache que je ne parle pas de ma dernière conquête mais vraiment de la capitale de la France) et que s'y sentir bien n'est pas donné à tout le monde. C'est aussi un caractère, évidemment. 
Je ne rêve pas de passer mes journées, ma vie ou mes soirées dans une grande maison avec de l'espace et un jardin. Mais qu'est ce que je ferai d'un jardin ? je n'arrive même pas à arroser le citronnier du balcon convenablement. Je ne me vois pas vivre dans un lieu où mon premier voisin est à 5 minutes à pied (ok je ne parle pas d'une ville donc, je parle de la campagne, de la nature). Et je comprends que d'autres imaginent leurs vies ainsi ou aient besoin de calme, de place, de verdure. Ce n'est pas mon cas. Je garde ça pour mes vacances. 
En fin de semaine je pars à l'ile d'yeu dans un de mes endroits préférés sur terre où l'habitat le plus proche de la maison est un phare inoccupé. Je donnerais pas mal de choses pour pouvoir y passer mes WE et toutes mes vacances. Mais ma vie ? Pas franchement. Cela fait trois semaines que je m'imagine sur un vélo allant chercher des huitres puis  mettre la table en face de la mer en voyant mes copains jouer à la pétanque puis descendre avec ma meilleure amie juste en bas, dans une petite crique, pour nous allonger et rigoler. Je n'aime pas que Paris et je l'aime aussi parce que je la quitte souvent. Il n'y a pas un seul mois où je suis restée complètement dans cette ville, elle peut être fatigante, harassante, pénible. 
Comme le métro par exemple. Je hais le métro. 
Et pourtant j'arrive à m'y plaire quand je suis de bonne humeur, puisque c'est dans le métro qu'on voit les gens, je les observe et les scrute, je regarde s'ils ont une bague à l'annulaire gauche et si c'est le cas, j'imagine leur mariage (call me weirdo). 
Paris est chiante mais comme une belle histoire d'amour se doit de l'être. Une emmerdeuse pas emmerdante. Cette ville a du caractère et c'est si bon. Alors je relirai peut-être ces lignes dans 10 ans en rigolant très fort installée sous un porche (est-ce que des gens ont vraiment des "porches" et des "bancs" ?) avec un labrador à mes pieds et mes enfants dans un jardin. Mais permettez-moi d'en douter. Ou du moins, par pitié, laissez-moi m'en lasser. Attendez que ce soit fini, Paris et moi. Les relations qui ne vont pas jusqu'au bout sont les pires. Je ne visualise tellement pas mon bonheur ainsi, je l'imagine avec plus de bruit et de chaos. Oui je m'imagine galérer avec une poussette dans le métro, monter un lit superposé et apprendre le nom des fleurs à mes enfants dans un square pollué. Fun non ? ahahahah. 
Ce qui est génial dans mon cas, c'est que je sais que je ne pourrai jamais amadouer Patach ainsi. Il trouve déjà qu'à deux dans un 50m2 c'est indécent... Je vous ai dit que je ne pouvais rien faire pour lui ! Mais j'ai ma carte "job boulot travail" ta daaaaa. Beaucoup de gens détestent Paris et y vivent parce qu'il y a des emplois et qu'à moins de piger ou de devenir freelance, les rédactions des magazines et des sites féminins sont à... (je vous le donne dans le mille) Paris. Et ça me sauve. Pour l'instant. 
Ah Paris... je sens que ça ne va pas être une relation simple et qu'on va essayer de nous séparer. Pour l'instant je tiens bon parce que je mets tout mon coeur à montrer aux autres à quel point tu peux être fantastique, à quel point tu peux être génial. Paris ne récompense que les curieux. Mais je serai curieuse pour deux.

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