jeudi 7 juillet 2011

A MÉDITER

Article de The Daily Beast - Des excuses Américaines ? Vous plaisantez !

Tout d'un coup, voilà que les Américains seraient censés faire leur mea culpa dans l’affaire Strauss-Kahn. Nous devrions nous excuser pour nos mœurs procédurières et puritaines. Nous nous étions déjà couverts de ridicule aux yeux des Français avec l’Irak. Et, aujourd'hui, nous aurions récidivé avec DSK. Je ne suis pas d’accord. Au contraire. Que DSK soit acquitté ou non, cette affaire est tout à l’honneur de la justice américaine. Nous pouvons en être fiers. Revoyons les faits. Une femme de chambre révèle qu’elle a été victime d’une agression sexuelle. D’après ce qu'a raconté The New York Times, son récit était "si convaincant que même des enquêteurs chevronnés en ont eu les larmes aux yeux". Les preuves physiques étaient indéniables : des collants en lambeaux, un ligament déchiré à l’épaule, un hématome au vagin. Les premiers témoignages recueillis à l’hôtel semblaient confirmer la version de la victime.

DSK était sur le point de s’envoler pour la France, pays avec lequel nous n’avons aucun traité d’extradition pour ce type de crime. Les policiers le font donc descendre de l’avion. Avaient-ils le choix ? Oui. Après tout, ils étaient face à l’un des hommes les plus puissants au monde, un dirigeant de l’économie internationale, peut-être le futur président d’un allié crucial des Etats-Unis. Il était accusé de viol par une femme de chambre noire, immigrée et musulmane, une femme sans aucun statut ni pouvoir. Dans n'importe quel autre pays, à n'importe quelle époque, la police n’aurait probablement pas hésité : laissez-le s'envoler, dites à la victime de se taire. Et, si elle refuse, trouvez un moyen de la faire taire. Ce qui s’est passé le 14 mai n'est pas seulement justifiable. En termes d’égalité devant la loi, c’est un cas d'école tout à fait édifiant.

Les événements de la dernière semaine de juin sont tout aussi impressionnants. Il s’avère que la crédibilité de la plaignante laisse sérieusement à désirer. Comment l’a-t-on appris ? Par les procureurs. Je répète, ce sont les procureurs qui nous l’ont fait savoir, même si ces révélations vont sans doute anéantir leur dossier et peut-être même leur carrière. Une fois de plus, ils avaient le choix. Dans n'importe quel autre pays, à n'importe quelle époque, le gouvernement n'aurait pas hésité une seconde à mentir. Même dans les Etats-Unis d’aujourd’hui, il n’est pas rare que les procureurs se gardent de divulguer des éléments de preuve à décharge, cela s'est déjà produit – mais pas cette fois. Autrement dit, le système a fonctionné.

Evidemment, tous les acteurs impliqués dans cette affaire ne se sont pas couverts de gloire. Les tabloïds new-yorkais ont été fidèles à eux-mêmes : tirer sur les ambulances est leur spécialité, et ils ont rivalisé de sensationnalisme et de vulgarité à l’égard de DSK. Ils salissent la réputation de tout le monde, sans distinction de nationalité, race, religion ou croyance. Il serait toutefois réducteur de ne voir dans cette affaire qu'un fiasco des relations publiques américaines. Oui, il existe des nationalistes français, surtout des hommes, pour qui les attaques contre DSK étaient également des attaques contre la France. Mais il existe aussi des femmes françaises, victimes d’hommes comme Strauss-Kahn, qui n’ont nulle sympathie pour lui. Anne Mansouret, dont la fille affirme que Strauss-Kahn a tenté de la violer, a déclaré au New York Times qu’elle était "révoltée" par le comportement des hommes français qui avaient pris la défense de DSK.

Pour la féministe Natacha Henry, la mise en accusation de Strauss-Kahn "a changé quelque chose dans la mentalité des femmes françaises. Cette affaire a libéré les femmes, même si celle-ci [la plaignante] n’est pas la Vierge Marie." Depuis l’arrestation de DSK, d'autres femmes ont accusé un ancien ministre du gouvernement, George Tron, de tentative de viol. Ce dernier a finalement démissionné de son mandat actuel de maire. "On observe une prise de conscience et une volonté de briser le silence qui n'existaient pas auparavant", explique Sylvie Kauffmann, première femme directrice de la rédaction du quotidien Le Monde. De son côté, la responsable du Medef, Laurence Parisot, a récemment déclaré au Parisienque la mise en accusation de Strauss-Kahn allait "contribuer à libérer la parole". Rien de tout cela ne signifie que DSK devrait être inculpé si les preuves contre lui sont insuffisantes. Mais prendre son accusatrice au sérieux a permis de faire évoluer le débat sur le harcèlement sexuel en France. La donne a changé grâce à la police et aux procureurs de New York, qui ont fait quelque chose qui reste encore exceptionnel dans le monde d’aujourd’hui : quand une femme noire et pauvre leur a dit qu’elle avait été agressée par un homme blanc et riche, ils l’ont écoutée. Et ils ont commencé à enquêter sur le bien-fondé de ses déclarations. Je ne vois pas en quoi cela mérite des excuses.

Réactions dans les commentaires

Céleste pense que : C'est qu'elle est fichtrement bien représentée et l'auteur a bien raison de souligner l'impact de cette affaire sur les femmes de l'Hexagone. Il a également raison de souligner que c'est bien des procureurs et d'eux seuls qu'émane le revirement inattendu dans cette affaire. Car on nous avait annoncé, de la part de la Défense, les pires démarches qui n'auront pas été, ici, nécessaires. Pour autant, l'ex patron du FMI n'est pas sorti d'affaires (de moeurs) et ce serait plutôt au Français qui le soutiennent et l'attendent comme Président de s'excuser : comment peut-on imaginer un seul instant que tel individu puisse se voir confier la direction de notre pays ? Pas seulement à cause de ses pulsions, mais, si piège il y a eu, de s'être laissé piégé !

FredParis pense que : Mais quel lamentable article témoignage une fois de plus da conviction américaine de la suprématie de leur paradigme ... Comme d'habitude, une attitude très nord américaine consistant à appréhender les problematiques de son point de vue - de ce qui est bon pour la nation - la nation etant l'interet universel -

Juju pense que : Les médias américains vont bientôt nous prouver que la guerre en Irak était là pour délier la parole des irakiens et que la guerre du Vietnam n'était en fait qu'une vaste et belle campagne humanitaire.
Toute en nous expliquant la bonté de la peine de mort et que toutes les erreurs judiciaires sont peu cher payées quand on pense au privilège de pouvoir mâcher des chewing-gums parfumés d'hypocrisie et de propagande américaine.





Photos de Roar Hagen
Il est bon de savoir discerner les choses. Mais ici, pas de politique, juste de l'information orientée. . .

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