Non c'est vrai, j'ai tout de même commencé Bb de la Branche (qui à la base avait un autre nom incompréhensible) pour parler musique. Etonnant non? Comme la musique s'accouple avec le temps (de l'écouter, de juger puis de critiquer) que je n'ai plus, la section musique qui était initialement la plus grosse s'est amoindris à deux clips par mois. Tristesse.
Lorsque Kanye West a sorti son clip (lamentable) avec sa femme sur une moto, j'ai préféré ne pas en parler de peur d'effrayer les lectrices qui se demanderaient ce que venaient faire ici l'homme le plus mégalo de la terre et sa poupée de cire. Je n'ai donc pas relayé l'information.
Lorsque Pharrell a sorti son (génial) clip de 24h "Happy" j'ai mis sur un post-it au bureau "Pourquoi Pharrell est-il si cool?" pour un sujet blog. Mais le temps toujours le temps, pas vu la couleur d'un mot sur ce clip de génie. Alors pourquoi Pharrell est-il si cool? J'avoue que je n'y répondrai pas, pas aujourd'hui.
Alors quand Beyoncé sort (dans la nuit heure française) son clip visuel, je me suis dit que là, franchement, il fallait en discuter. D'abord parce que cette control freak (qui fait tourner des images d'elle, de sa famille et de son travail pour la postérité...) passe pour la nana la plus cool du monde, pote de Pharrell en somme. Ensuite parce qu'elle crée un buzz alors que personne n'a entendu l'album en question. Fort donc.
Du point de vu marketing, un point de vu que je ne connais absolument pas d'ailleurs (visez plutôt l'expertise de mon sujet...), c'est évidemment de génie. Zapper la partie promotionnelle qui coûte des millions et qui ne sert à rien sinon à ne pas se diversifier des autres starlettes, c'est fort mais déjà fait par Radiohead. Et bizarrement c'est la partie qui m'intéresse le moins. Dire sur son compte qu'on sort un album, finalement je trouve ça très logique en 2013. Monde de l'instantané et du proche des stars, je trouve cela presque, enfin, logique. C'est plutôt le monde du marketing musical qui doit commencer à faire la tronche en s'imaginant les perspectives de leurs recettes dans les années à venir...
Du point de vu "album visuel - tentons pour la première fois quelque chose", c'est encore fort. Préparez 17 vidéos (en semi-cachette) pour 14 titres, tous plus impressionnant (évidemment c'est Queen B) les uns que les autres, il fallait le faire. Et un featuring avec Jay Z, et une chanson logiquement intitulé "Blue" où je me promène avec ma fille, et un featuring avec Drake, Pharrell et un clip où je mets des vidéos d'enfance... Bref après son mini film on a bien compris que Beyoncé maîtrisé sa com' visuelle à la perfection (sauf erreur du Superbowl-). A chaque clip une coupe de cheveux, un style de fringues, un style visuel, une déco : ce sont les producteurs, stylistes et co qui ont du se régaler! Impressionnante dans "Mine" que j'ai hâte de voir en entier, sauvage dans "Drunk in love", carrément sexy dans "Jealous", virginal dans "Ghost" ou nature dans "Blue", 80's dans "Grown Woman", on pourrait appeler ça les 17 vies de Queen B. Vous vous demandez pourquoi j'ai mentionné que j'avais "hâte de le voir en entier" ? Ah, voilà le plus fort !
Beyoncé sort son album en exclusivité sur Itunes avec obligation de l'acheter en entier (d'habitude on peut sur tous les albums Itunes, n'acheter qu'une chanson ou deux ou trois, bref aucune obligation) pour accéder aux titres et aux vidéos. Oui, vous l'avez compris, ça doit être l'émeute sur les Itunes Store.
Le plus fort ? Dans une société d'immédiat où on peut zapper le clip magistral de Pharrell en une semaine, on (enfin Beyoncé herself) pourrait avoir peur que ce coup de comm' ancré dans l'immédiat s'évapore. Sauf que non puisque en vrai, rien a vraiment été dévoilé. Attendez-vous donc à un bon mois de sorties de clip en entier pour les gens raisonnables qui ne veulent pas sauter tout de suite sur l'album (pour vous dire toute la vérité je ne sais pas encore si je me situe dans les gens raisonnables ou si je penche pour les déraisonnables une fois ce post terminé...). Pareil donc pour la musique que l'on pourra enfin juger.
Aujourd'hui les artistes peuvent donc comptabiliser des pages et des pages d'écriture sur autres choses que leur musique, ce qui est très bon pour eux, complètement con pour nous puisque dans un an Beyoncé sera dans mes oreilles et non pas dans ma copie de philosophie du marketing.
Le plus détestable ? Beyoncé elle-même. Bon oui, je l'adoooore, non pour une fois je ne vous servirai pas le discours de la fan transie d'amour, oui je lutte. Si vous avez regardé la première vidéo de ce post et que vous êtes français (les français critiquent tout, that's why), vous avez du, comme moi, voir ce marketing amerloque à trois francs six sous qui te donnent envie de pleurer en voyant des images (ce qui est fort puisque rien, absolument rien, n'est triste) et qui te met dans une excitation quasi psychédélique (et donc qui te force à te ruer sur ta page Itunes pour ACHETER ahah). Parce que Beyoncé nous sert tout de même le plat du génie musical, "et quand j'ai vu le clip Thriller j'ai réalisé la chance que j'avais d'être née à cette époque, et on ne vit pas pareil la musique, et patati et patata". Sauf que Beyoncé n'a pas vraiment réalisé Thriller puisqu'elle continue à se déhancher sur la plage (et merci Rue89 pour cette excellente analyse).
Si vous êtes américain (comme j'aime l'être dans ma tête), ok c'est complètement fou, ok j'ai super hâte de l'acheter pour me mater les 17 vidéos comme on regarde un film, ok elle est magnifique, ok trop contente de voir Blue, de voir Jay Z, ok je suis déraisonnable, ok je marche à 100% dans le filon marketing révolutionnaire, ok tout ce blabla pour rien.
