Mardi 8 juillet. Je
reçois le texto fatidique : ma robe est prête. Ca y est, le calvaire peut se
terminer (ou commencer ?). Rendez-vous est pris pour enfin rencontrer ce
morceau de tissu qui m'aura tant fait baver (c'est sympa de parler ainsi de sa
robe de mariée je trouve).
La veille, je fais quand
même un petit rêve dans lequel ma couturière s'est complètement plantée et m'a
fabriqué une robe trop courte, à manches longues, et noire, bien entendu. De là
à suspecter une certaine appréhension quant à ce rendez-vous, je vous laisse
faire ce pas.
Me voici donc avec ma
meilleure amie devant la porte d'entrée de ma couturière et je n'en mène pas
large. Je la préviens : "Je vais peut-être pleurer si elle est
magnifique". Ca n'arrivera pas. La couturière nous ouvre la porte et nous
fait entrer dans son show-room. Immédiatement je la vois, accrochée au mur sur
un portant, et immédiatement je vois ses défauts. Je pense même l'espace d'une
petite seconde que ce n'est peut-être pas la mienne. Madame la couturière a n effet
pris quelques libertés et n'a pas totalement respecté le modèle originel. Pas
très sympa, ça.
Je l'essaye avec un
sourire un peu figé. Je tente de me focaliser sur les points positifs car je
suis une fille op-ti-miste : le tissu est de très bonne qualité et tombe bien,
le dos est magnifique, la forme est vraiment celle qui me met le plus en
valeur… Mais le haut ! Mon Dieu le haut… Je voulais un look déesse grecque (en
tout modestie), avec un joli plissé naturel et de larges bretelles jouant sur
la transparence, je me retrouve avec un look débardeur Jennyfer acheté en
soldes. "Elle exagère", pensez-vous. Peut-être un peu, c'est vrai,
car quand je montre des photos à mes proches, la plupart sont rassurés :
"Ah mais ça vaaaa, tu m'avais fait peur !". "Mais zoomez sur le
haut", leur dis-je, "regardez ce plissé complètement foireux !",
et presque tous admettent qu'ils sont d'accord avec moi. Ma copine pro de la
couture a même eu cette phrase magique : "Non mais, en regardant de loin, ça
va carrément." Tout ce qu'on a envie d'entendre sur sa robe de mariée.
Ma meilleure copine,
elle, voit bien qu'il y a un truc qui cloche quand je l'essaye, mais ne sait
pas si elle doit dire quelque chose puisque moi je ne réagis pas vraiment. Je
lui demande ce qu'elle en pense : "Le dos est vraiment ma-gni-fique".
Une vraie diplomate.
Moi je tente de lancer
quelques perches à la couturière : "le haut n'est pas ce à quoi je
m'attendais", "ça fait pas un peu bizarre le haut ?",
"ohlala le haut me fait vraiment une poitrine énorme", mais c'est la
fin de la journée, la fin de la semaine, elle est bientôt en vacances,
clairement cette robe est comme elle est et il faut que je l'accepte !
Je m'extirpe de la robe
et je l'avoue, j'ai le coeur lourd et ne suis pas vraiment en joie. Je ne
partirai pas tout de suite avec la robe car décidément, la couturière n'a pas
été des plus attentives, et m'a laissé 10 cm de longueur pour mes chaussures à
talons alors que je lui avais répété une demi-douzaine de fois que je serai à
plat, et elle m'a concocté une traîne digne de Lady Di alors que je n'en
voulais pas. Du tout. Et le meilleur, c'est bien sûr la ceinture bling-bling
qui a failli m'aveugler en arrivant, censée copier le modèle délicat et raffiné
de la photo originelle. Mais bien sûr.
Un autre rendez-vous est
donc pris pour le jeudi suivant. Joie.
Je passe évidemment un
week-end des plus plaisants. Le Promis fait ce qu'il peut et ce qu'il faut pour
me rassurer, mes copines essaient de trouver des solutions, et tous
m'encouragent à la pro-activité : "Appelle-la pour lui faire changer des
trucs !", mais rien n'y fait, je m'enfonce dans le trou noir de la déprime
éclair (rien que ça) et je me sens incapable de faire quoi que ce soit. Comme
je le résume au Promis : "Je n'ai même pas hâte de la mettre cette
robe".
Lundi matin, coup de fil
à mes parents. Ma mère est remontée. "C'est de ta robe de mariée dont on
parle ! Tu es la cliente, si tu n'es pas contente, tu le lui fais savoir, et tu
vois ce qu'elle peut faire. Mets-toi en mode dominante." Oui maman. Mail
détaillé à la couturière pour pouvoir bien mettre mes idées au clair, puis
appel. "Je voyais bien qu'il y avait un truc qui n'allait pas", me
dit-elle. Perspicace. Elle voit ce qu'elle peut faire pour rendre le plissé plus
souple et naturel, elle essaye d'élargir les bretelles, et elle me tient au
courant.
La déprime éclair est
passée. Ca va peut-être s'arranger ! Cette robe a de très bons côtés, il faut
juste revoir un -gros- détail, et ça ira.
Je me remets à
espérer...
Par Amandine Enard -
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