Mon cerveau fonctionne par arborescence. Mais qu'est-ce qu'elle raconte vous dites-vous en lisant cette mauvaise accroche ? C'est juste que mon cerveau fonctionne rapidement, saute du coq à l'âne, est sans cesse en fonction : il réfléchit par association d'idées. J'ai mis longtemps à le comprendre mais désormais, je sais comment je fonctionne. J'avais des difficultés en maths à partir de la Première. Je n'en avais jamais eu, j'avais même pensé à faire S, parce que tout roulait mais en Première j'ai du prendre des cours particuliers pour me rapprocher d'un modeste 14.
Le prof n'arrêtait pas de me dire : tu as la réponse et elle est correcte mais je n'ai pas ton cheminement. Ce qui me faisait passer au mieux pour une idiote chanceuse, au pire pour une tricheuse. Les maths, avant on te demande de comprendre et de donner le résultat mais, vient un temps où les calculs complexent se doivent d'être minutieusement détaillés. Et là je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas expliquer comment j'arrivais au résultat. Il était bon, mais mon cerveau le faisait tout seul. Comme s'il ne souhaitait pas me donner les clefs de mon raisonnement, il allait trop vite pour que je l'intellectualise. On me demandait de me concentrer comme pour ralentir le temps et entrer dans mon processus de réflexion.
C'est exactement le même mal que j'ai eu durant mes études de journalisme : je suis fine observatrice, je fonctionne au feeling, je me mets très bien à la place des gens, je comprends s'ils sont gênés, orgueilleux ou expansif en un instant. Seulement, dans un article, vous ne pouvez pas vous permettre de dire "il était intelligent","il était préoccupé" ou "il était extrêmement timide" car ce sont des contre-vérités totalement subjectives. Il vous faut expliquer pourquoi, dire ce qu'on a vu et laisser le lecteur se faire sa propre opinion. Type, "sa jambe bougeait dans un mouvement perpétuel alors qu'il ne cessait, frénétiquement, de se tordre le pouce droit dans la main gauche tout en lançant des coups d'oeil à droite toutes les 35 secondes".
Je caricature mais c'est, en gros, une description détaillée et non un ressenti. Evidemment, le feeling et être instinctive me sert énormément, surtout pour mener une interview mais il me fallait sans cesse décortiquer le pourquoi du comment j'avais ressenti ça. (je sais je sais, vous ne voyez toujours pas de lien avec le titre, ou pire, avec Christine and the Queens, et c'est là tout le problème de mon cerveau)
J'ai donc appris à me connaître et je me suis forcée à m'expliquer et expliquer aux autres le fruit de mes pensées. Par exemple, ce qui est inscrit au-dessus m'est arrivé en un quart de seconde dans le cerveau après avoir pensé vous écrire sur Christine and the Queens mêlé à un post de Géraldine Dormoy sur Café Mode. Il me fallait donc vous expliquer, honnêtement, qu'il m'était parfois difficile de réguler mes pensées pour les restituer clairement, surtout quand il s'agit d'un blog et que je n'établis pas de plan à l'avance.
J'écris littéralement ce qui me passe par la tête. Et si je ne m'en souviens plus au moment où mes doigts arrivent à un certain point, je zappe, j'écris ce que je pense ensuite. Un vrai bordel pour vous, j'imagine. J'envie terriblement les Emmanuel Carrère (que je lis en ce moment d'ailleurs) qui ont un sens de la précision et de la clarté délirante. Ses transitions me font pâlir d'envie ! Tant de mots et toujours pas le sujet.
Tout ça pour dire que parfois mes associations d'idées peuvent être tirées par les cheveux.
Tout ça pour dire que j'ai lu le post de Géraldine Dormoy qui a fait le jeu des questions/réponses sur son blog et qui a répondu à ses envies, ses prévisions, sa vie privée et ses icônes.
Tout ça pour dire qu'ensuite, j'ai regardé la vidéo ci-dessus de Christine and the Queens aux Victoires de la Musique qui m'a été conseillée par Jeune Fille Dérangée parce que son sentiment sur la question était partagé. Elle aimait la prestation tout en étant diablement agacée par l'interprète qu'elle savait chiante et pointilleuse et donc son regard mêlait l'artiste et son caractère pour finalement l'énerver tout net.
Tout ça pour dire que j'ai donc regardé la vidéo et qu'elle a fait écho à ce que je venais de lire chez Café Mode. Je le retranscris ici : "Plume parisienne: « Qu’est-ce qui te fais rêver ? » Des gens qui se sont créé leur propre monde et qui nous ont donné envie d’aller habiter dedans (Diana Vreeland, Irving Penn, Steve Jobs, Julian Fellowes…). Des pionnières (Vigée Le Brun, Gabrielle Chanel, Lee Miller, Hélène Lazareff, Françoise Giroud…). Des femmes d’aujourd’hui qui poursuivent leur but avec constance, cohérence et sans trop se la jouer (Céline Alvarez, Tavi Gevinson, Cate Blanchett…)."
Tout ça pour dire que soudainement, lorsque Christine and the Queens exécutait sa (géniale) chorégraphie dans une scénographie (génialement) minimaliste, elle ne m'apparaissait ni agaçante, ni bizarre, mais juste (vous l'aurez compris) géniale puisque totalement différente. Et que ce sont ces femmes que nous retenons, celle qui se lance en n'étant personne d'autre, en ne copiant personne d'autre, en n'essayant pas de ressembler à qui que ce soit. C'est souvent dur. Là encore mon cerveau me force à faire un parallèle et à m'amener à ma lecture du livre de Garance Doré qui raconte la réponse de Scott le Sartorialist quand elle lui disait qu'elle ne savait pas où elle allait et qu'elle ne voulait pas devenir une modeuse de plus : "Tu dois inventer ta propre définition du succès". C'est exactement ce que j'ai ressenti, et dans l'admiration de Géraldine Dormoy pour les figures citées plus haut, et dans cette performance de Christine and the Queens, et dans la lecture du livre d'une entrepreneuse digitale un peu perdue qu'était Garance Doré à l'époque.
Que Christine and the Queens énerve tellement les gens, c'est preuve que sa différence dérange. Quand elle choisit Booba pour une collaboration, le monde des médias et les fans sont littéralement en panique. On dirait presque l'effet Beyoncé et son nouveau clip.
Christine and the Queens me fait un bien fou, me fait également l'effet d'un petit génie : un pantalon noir signé Ami et un tee shirt blanc, pas de maquillage et une danse ni sexy cul à l'air ! Je dis oui ! C'est ça la féminité que j'admire, sans code, sans fard. C'est ce genre de nana que j'aimerais que mes filles adorent. Ces nanas qui se contre-foutent d'être hétéro ou homosexuel, qui chante pour être engagée et non pour se pavaner en lingerie. C'est un vrai vrai souffle et un bonheur de mater une nana comme ça se produire aux Victoires de la musique dans une telle mise en scène. Je suis sous le charme complet. Et oui, tout ça pour ça.
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