Nouvelle chanson du jeudi, je délaisse les incroyables Blonde Redhead sur lequel je reviendrai prochainement tant je les aime, plus je les écoute et plus je suis transportée (!!) pour le nouvel album de The Rapture dont la dernière chanson de l'album me laisse sans voix tant elle est proche de mes amours sonores. Produit et mixé par le désormais mythique Philippe Zdar qu'on retrouve dans un article passionnant sur Le Monde :
" Dans une salle de la Maroquinerie transformée en sauna par les rythmes de The Rapture, Luke Jenner, voix acide de ce groupe new-yorkais, prend à témoin le public parisien : "Où est Philippe Zdar ? Ce type est le plus humain qu'on puisserencontrer. Il a produit notre album. Mon ami, mon frère, ce morceau est pour toi."
Hilare et embarrassé, Philippe "Zdar" Cerboneschi se tient près de la console de sonorisation. Comme pour continuer de diriger la musique de ces figures du dance-rock dont il vient de réaliser l'excitant et quatrième opus, In the Grace of Your Love. Quelques secondes avant le début du concert, le producteur-mixeur-musicien-DJ a débarqué d'Ibiza, où il a fait un break après avoir enchaîné des collaborations - Phoenix, The Rapture, Housse de Racket, Beastie Boys, Kanye West et Jay-Z... - qui en font l'un des magiciens de studio les plus demandés. Le premier Français, sans doute, à évoluer à ce niveau de reconnaissance internationale.
Avant de repartir le lendemain, Zdar passera par la butte Montmartre, dans le nid luxueux de son Motorbass Recording Studio. A une époque où l'enregistrement domestique numérique et la crise du disque ont fait disparaître nombre des grands studios, il a choisi de transformer en petit temple des sonorités analogiques cet espace de 160 m2 racheté il y a dix ans et opérationnel depuis trois ans.
Console, magnéto, rack d'effets, micros, instruments à la patine millésimée côtoient de rares ordinateurs. Le son Zdar naît dans cet antre digne d'un magazine de déco autant que de sono. "J'adore à la fois l'ampleur, la précision de la hi-fi, et le côté crade du lo-fi, explique-t-il. Il faut toujours que la puissance, la brillance soient perturbées par un élément un peu punk."
Son destin musical, ce fils d'hôteliers d'Aix-les-Bains l'a construit ainsi, entre turbulence électrique et univers feutré. D'abord batteur dans un groupe punk, le jeune Savoyard tombe un jour en arrêt devant une photo d'Eurythmics enregistrant dans le studio du Palais des congrès. "J'ai plaqué mon boulot de serveur pourretrouver cette magie-là."
Avec un bagou et un enthousiasme qui sont sa marque de fabrique, Philippe Cerboneschi pénètre le monde de la production. "Un matin, j'arrive au studio Marcadet. Ils avaient déjà un assistant. L'ingénieur du son lui demande s'il saitrouler les joints. Il ne savait pas. Moi oui. Le soir, il m'a proposé de rester." Dans les années 1980, le garçon apprend son métier à l'ancienne, côtoie Gainsbourg, Daho, Vanessa Paradis aux côtés de réalisateurs artistiques vedettes, comme Jean-Philippe Bonichon ou Dominique Blanc-Francard.
Il se lie d'amitié avec le fils de ce dernier, Hubert, bricole avec lui la bande-son d'une chanson d'un jeune rappeur, MC Solaar. Le morceau, Bouge de là, deviendra le premier tube du hip-hop français. Fascinés par l'énergie aventureuse du rap, Zdar et "Hub", qui prendra le pseudo de Boom Bass, concoctent des instrumentaux futuristes publiés par le label anglais Mo'Wax sous le nom de la Funk Mob.
"Le hip-hop nous a permis de mettre un pied dans la création, mais c'est la techno qui a fait de nous des vrais acteurs de la musique." Après sa première rave et son premier ecstasy, en 1992, Zdar connaît ainsi la révélation des musiques électroniques. Avec Etienne de Crecy, il enregistre sous le nom de MotorbassPansoul, un des albums fondateurs de la house française. Avec Boom Bass, il fonde le duo Cassius qui, avec Daft Punk et Air, bouleversera les a priori des Anglo-Saxons à l'égard de notre scène musicale.
Alors que les sons filtrés, qui caractérisaient la french touch de la fin des années 1990, semblent passer de mode, Zdar a su se régénérer. "Je le dois à mon métier de DJ", assure celui qui se ménage environ trois performances mensuelles derrière les platines. "Cela permet de voir ce qui fait danser les gamins partout dans le monde."
Etape-clé de sa notoriété, le succès mondial de Wolfgang Amadeus Phoenix, quatrième album des Versaillais de Phoenix, pour lequel le mixeur et réalisateur artistique a obtenu un Grammy Award en 2009. Les demandes affluent depuis."L'important est d'être appelé pour de bonnes raisons. J'essaie de repérer les managers qui me contactent parce que je suis à la mode et de parler musique avec les artistes. Adam Yauch des Beastie Boys, par exemple, avait compris mes racines rock, hip-hop et électro."
Les Français peuvent avoir leur chance. "Il nous avait dit qu'il avait trop de travail",raconte Pierre Leroux, le chanteur et guitariste de Housse de Racket, dont le nouvel album, le grandiose Alesia, est produit par Zdar, "mais nous l'avons harcelé jusqu'à ce qu'il vienne nous voir. En studio, il nous a poussés vers des expériences extrêmes".
Zdar peut refuser des stars et craquer pour des inconnus, comme récemment avec l'Anglais Adam Kindness. Il jure à son complice Hubert qu'il va se mettre au quatrième album de Cassius, d'autant qu'un titre du duo, I Love You So, vient d'êtresamplé par les stars du rap américain, Kanye West et Jay-Z. Mais il lui faudra d'abord mixer l'album de l'icône indie-rock Cat Power et enchaîner avec le nouveau Phoenix.
Stéphane Davet "
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